Allemagne : plusieurs millions d’euros de contrats attribués à un consultant McKinsey proche d’un haut fonctionnaire
Un responsable clé du ministère fédéral de l’Intérieur est soupçonné d’avoir favorisé le cabinet dans le cadre de projets de digitalisation. Sa proximité avec un ancien consultant de McKinsey, qui avait travaillé sur ces dossiers, l’aurait conduit à s’affranchir des procédures.
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Des contrats d’une valeur de plusieurs millions d’euros attribués indûment à la Firme ? C’est ce que tente d’éclaircir une enquête interne du ministère fédéral de l’Intérieur à la suite d’incohérences dans l’attribution de ces contrats révélées par le magazine allemand Der Spiegel.
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Selon le rapport du Bureau du vérificateur général du Canada, la majorité des contrats fédéraux attribués à McKinsey par le gouvernement canadien depuis 2021 l’ont été sans appel d’offres.
L’ouverture de cette enquête interne a lieu plusieurs années après la commission des faits et après l’arrêt des contrats McKinsey incriminés. Selon des documents internes qu’a pu se procurer Der Spiegel, le cabinet a en effet lancé une enquête de conformité il y a 4 ans déjà, après la rupture de ses contrats intervenue à l’initiative du ministère fédéral de l’Intérieur.
Un partage d’informations confidentielles…
Comme le rapporte le magazine allemand, le haut fonctionnaire du ministère fédéral de l’Intérieur aurait, par exemple, transmis l’offre d’un cabinet de conseil concurrent au consultant de McKinsey en lui demandant s’il avait une « meilleure idée ». Il s’agit bien sûr d’une violation des règles en matière de marchés publics. Ce responsable clé aurait aussi partagé des documents et des mails confidentiels. Les deux hommes auraient enfin échangé des informations, via des canaux privés, sur les milliards supplémentaires provenant d’un plan de relance économique lié à la crise de la Covid19 — évoquant la façon dont cet argent pourrait être utilisé pour numériser l’administration.
D’autres documents montreraient les liens étroits unissant les deux hommes ainsi que leurs épouses, sachant que la femme du haut-fonctionnaire exerce elle-même au sein du ministère fédéral de l’Intérieur — et qu’elle a travaillé pour McKinsey.
… et des irrégularités dans le modèle de rémunération
Dans une autre perspective, les conditions d’attribution des contrats dont a bénéficié McKinsey auraient été « inhabituelles et favorables » au cabinet. Les consultants staffés sur ces missions n’avaient pas à enregistrer leur temps notamment. Cela a conduit le ministère de l’Intérieur à effectuer un « contrôle express » durant lequel le « modèle de rémunération » est apparu comme « non transparent ».
Le ministère a alors mis un terme à ses prestations avec la Firme et cette dernière a licencié le consultant mis en cause en mars 2021, sans préavis. Le consultant aurait rejeté les accusations qui le visaient et un accord transactionnel aurait néanmoins été conclu entre les deux parties.
Fin de l’histoire, aurait-on pu penser. Mais non : l’ex-consultant, cofondateur d’une nouvelle structure, s’est vu attribuer par le ministère de l’Intérieur allemand un contrat de 1,5 M€ environ, un an plus tard. « Probablement à la demande expresse du ministère. » L’identité du donneur d’ordre exact reste à ce stade inconnue.
Le haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur mis en cause ainsi que son épouse réfutent catégoriquement ce qu’ils qualifient « d’allégations » de la part du Spiegel.
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