Chez Bain, quand conseil rime avec évidence

 

Série « nouvelle vie d’associés » 4/6. L’accès au rang d’associé fait vibrer ce secteur. C’est la consécration derrière laquelle courent ceux qui survivent à des parcours longs, résistent à la charge de travail, acceptent de renoncer à leur vie privée…

Alors comment y sont-elles et sont-ils arrivé(e)s et comment se sentent-ils (elles) quand ils (elles) touchent au but et sont élu(e)s ? Leur vie professionnelle est-elle chamboulée du tout au tout ? Quelle sera la prochaine étape ? Nous avons posé toutes ces questions à plusieurs associé(e)s parisien(ne)s récemment élu(e)s dont nous publions les portraits dans le cadre d’une série.

 

26 Oct. 2018 à 13:39
Chez Bain, quand conseil rime avec évidence

 

Épisode numéro quatre (Lire ou relire les épisodes un, deux, et trois) : Matthieu Vigneron et Sabine Atieh ont été promus partners au sein du bureau de Paris de Bain au premier semestre 2018. À l’exception d’un rapide passage chez Roland Berger pour Sabine Atieh, tous deux sont des purs produits de Bain.

Un long « voyage » à entendre Matthieu Vigneron et un « chemin long et compliqué » pour Sabine Atieh. Voici leur portrait croisé.

Ils sont désormais presqu'une trentaine. Depuis la cooptation de Matthieu Vigneron, 37 ans, au sein de la pratique Technology media telecom (TMT), en janvier, et celle de Sabine Atieh, 36 ans, au sein des pôles Energy & utilities et Industrial goods & services, en juillet, le bureau de Paris de Bain & Company compte aujourd’hui vingt-huit partners.

Et ces deux nouveaux associés ont en commun d’avoir trouvé très tôt leur voie. Matthieu Vigneron, qui a rejoint Bain en 2005 à la sortie de HEC, dit ainsi s’être orienté « vers la stratégie dans mes choix de majeure dès l’école », et Sabine Atieh déclare avoir eu « la ferme conviction de vouloir faire du conseil » dès sa sortie de Science Po en 2004, avec une majeure en corporate finance en poche.

Faire des choses sérieuses sans trop se prendre au sérieux

« Ce qui m’a plu chez Bain, c’est tout d’abord l’excellence – on joue dans le top tier mondial –, et la culture du cabinet, qui est le plus jeune, le plus dynamique et le plus entrepreneur des trois grands, raconte Matthieu Vigneron. Les relations sont très directes et peu formalistes. On y fait des choses sérieuses sans trop se prendre au sérieux, et cela me convient bien. »

Après avoir travaillé dans toutes les practices, le jeune consultant se découvre un goût pour « les problématiques autour de la technologie que l’on peut retrouver en transverse dans différentes industries. C’est devenu le fil rouge de mon parcours, dit-il. J’ai travaillé pour différents types d’industries sur l’ensemble de la chaîne de valeur – opérateurs télécoms, équipementiers, industrie spatiale, éditeurs de contenus… Et pour des fonds de private equity aussi, en France et à Londres, à Stockholm, à Milan, ainsi qu’en Algérie et au Maroc », ajoute-t-il.

En quête de role models féminins

De son côté, Sabine Atieh commence sa carrière chez Capgemini Consulting, au sein de la practice dédiée aux directeurs financiers, où elle exerce pendant trois ans, essentiellement dans le secteur de l’énergie. « J’ai travaillé sur des sujets très intéressants mais toujours par le prisme de la direction financière, et je me trouvais un peu loin des questions de stratégie business », relève-t-elle.

Elle rejoint alors en octobre 2007 le bureau de Paris de Roland Berger où, pendant trois ans, elle travaille surtout dans le secteur de l’énergie, et réalise quelques missions dans la partie secteur public. « J’en garde un excellent souvenir et j’ai appris énormément de choses. Mais, à l’époque, on manquait de role models femmes au sein du bureau de Paris de Roland Berger, et le fait qu’ils n’aient pas encore réussi de permettre aux femmes d'accèder au poste d’associée était une véritable question pour moi alors que je me projetais déjà dans ce métier à plus ou moins long terme. »

De plus, « Roland Berger avait à l’époque un fonctionnement bureau par bureau, et donc très franco-français, alors que les personnes que je connaissais chez Bain me disaient qu’elles travaillaient en réseau avec les différents bureaux ». Elle finit par intégrer Bain en 2010, au grade de consultant senior.

Elle y travaille dans le secteur de l’industrie, et plus particulièrement l’énergie et la chimie, et développe une expertise fonctionnelle « sur les sujets d’amélioration de la performance, et notamment de supports », souligne-t-elle.

Le partnership, un long voyage

Après avoir gravi tous les échelons intermédiaires, tous deux sont cooptés partners du bureau de Paris en 2018. L’aboutissement d’un long « voyage », selon Matthieu Vigneron : « Chez Bain, le processus de promotion au grade de partner est très transparent, avec des critères bien définis, vous savez parfaitement ce que vous devez accomplir et vous travaillez avec un mentor pour vous préparer à cette échéance. C’est un peu un voyage que vous entreprenez, et qu’il faut bien planifier. »

Pour Sabine Atieh, l’association est un chemin « long et compliqué, qu’il est quasiment impossible de faire seul ». Elle dit avoir trouvé parmi les partners de Bain, à Paris et dans d’autres bureaux, de vrais mentors, également capables « de vous remonter le moral dans les moments un peu difficiles ».

Et passée l’euphorie de l’annonce de sa nomination, elle a vite pris la mesure du nouveau challenge qui l’attend : « L’association n’est pas une fin en soi mais un nouveau chapitre, le début d’une autre tranche de carrière avec de nouveaux enjeux. »

Dans l’exercice du métier au quotidien, le passage au statut de partner n’entraîne pas de véritable rupture « parce qu’on vous met déjà en situation d’exercer cette fonction avant de vous donner le titre, de façon à évaluer votre aptitude avant de vous nommer », relève Matthieu Vigneron.

Mais le fait de passer officiellement ce cap « permet d’avoir davantage de soutien opérationnel avec des équipes plus seniors, qui vont vous permettre de libérer du temps pour le cabinet, et notamment pour le coaching et le mentoring des consultants, et pour passer du temps avec les clients ».

En ce qui cocnerne le développement commercial, « il y a une dimension très collective chez Bain, souligne-t-il. On valorise davantage quelqu’un qui réussit à mobiliser les bonnes expertises au sein du bureau afin de développer les comptes prioritaires définis par le cabinet, que quelqu’un qui partirait chercher de nouveaux clients tout seul ».

« J’ai eu l’impression d’ouvrir le capot de l’usine pour la première fois, de commencer à voir les pièces du moteur »

Participer à sa première réunion de partners fait partie des moments forts liés à ce nouveau statut. « J’ai eu l’impression d’ouvrir le capot de l’usine pour la première fois, de commencer à voir les pièces du moteur… » se souvient Sabine Atieh. Autres temps forts, selon Matthieu Vigneron : « Les séminaires qui rassemblent tous les partners du bureau, et l’annual partner meeting, qui réunit l’ensemble des partners du groupe, et qui s’est tenu au printemps dernier. »

Côté investissement dans la vie du bureau, Sabine Atieh a été un membre actif du comité Women@Bain – « un engagement important pour moi, et je me suis notamment occupée de la partie mentoring des femmes », précise-t-elle. Depuis sa cooptation au rang d’associée, elle s’occupe aussi du suivi et de l’accompagnement de consultants seniors, « un rôle qui me motive et m’apporte beaucoup ».

« Ça ne peut pas marcher si vous n’êtes focalisé que sur ça »

Matthieu Vigneron, lui, s’est très tôt investi dans le recrutement des consultants, « un secteur qui me passionne depuis longtemps et auquel je consacre pas mal de temps ». Cette nomination n’a pas non plus, selon eux, bousculé leur équilibre de vie. « Il faut être conscient de ce qui est important pour soi-même, de ce qui donne de l’énergie, observe Sabine Atieh. Par exemple, je préfère travailler tard dans la semaine pour être sûre de partir tôt le vendredi et d’avoir un week-end totalement pour moi, pour ma famille, pour faire du sport – je joue au polo et je fais du yoga –, et cela ne me pose aucun problème. Pour d’autres, c’est de voir leurs enfants le matin et le soir parce que cela leur permet de recharger les batteries. »

C’est le cas de Matthieu Vigneron : « Ce qui est vraiment important pour moi, et me permet de préserver mon équilibre, c’est ma famille. Je suis marié et j’ai trois enfants. J’essaie de partager autant de moments que possible avec eux, d’être là le soir pour parler de leur journée, pour les coucher, même si cela exige parfois que je me remette au travail ensuite. » Il joue également au tennis, et fait « des efforts pour ne pas y renoncer ». Le conseil en stratégie « est une activité exigeante en termes de temps et ça ne peut pas marcher si vous n’êtes focalisé que sur ça ; il faut préserver du temps pour se ressourcer », conclut-il.

Miren Lartigue pour Consultor.fr

 

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26 Oct. 2018 à 13:39
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Matthieu Vigneron Sabine Atieh
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