Romain Lucazeau DG de la SCET, le cabinet de conseil de la Caisse des Dépôts
Romain Lucazeau, 39 ans, partner – nommé en 2020 (ici) – de la practice service public du cabinet Roland Berger (et parti il y a quelques semaines seulement), vient de prendre la direction générale de la SCET (Services conseil expertises et territoires) – société de conseil et d’appui aux territoires, spécialiste de l’économie mixte et du développement territorial, filiale à 100 % de la banque des Territoires (elle-même filiale de la Caisse des Dépôts). Avec ce départ, Roland Berger compte vingt-six associés à Paris, selon le décompte de Consultor.
Il va remplacer Stéphane Keita, à ce poste depuis 2015 avec une double casquette de président, qui, selon La Lettre A, était déjà en froid avec le DG délégué de la Caisse des Dépôts Olivier Sichel, et qui n’a pas su obtenir la confiance des membres de la commission de surveillance. Un DG-président à qui il était reproché des méthodes « dirigistes » et un manque criant de réseau pour déployer la « boutique ». Dans le nouvel organigramme, les fonctions de présidence et de DG sont d’ailleurs dissociées ; Carole Abbey (une ancienne partner d’EY) en prend ainsi la présidence.
Ce recours au consultant Romain Lucazeau sonne comme celui du renouveau pour cet acteur français du développement des territoires depuis 1955 (300 collaborateurs). La SCET connaît des difficultés financières depuis une dizaine d’années ; son CA est passé de plus de 40 M€ en 2014 à 29,6 M€ en 2018, et l’entreprise affiche un bilan en perte depuis 2015… La Cour des comptes en avait déjà étudié la gestion en 2015 et émis huit recommandations, donnant lieu à de nouvelles orientations stratégiques et une recapitalisation de 10 millions d’euros par la CDC.
Pour le nouveau DG, la question du rééquilibrage du modèle opérationnel n’est pas pour autant le challenge le plus complexe. « Mon défi est avant tout d’accompagner la consolidation de la transformation de cette entreprise qui est passée d’un acteur de services aux territoires à un véritable cabinet de conseil d’ingénierie territorial associant une mission d’intérêt général », expose à Consultor Romain Lucazeau.
C’est dans le cadre du plan stratégique, défini jusqu’en 2024, que le nouveau DG Romain Lucazeau doit faire jouer son expertise des acteurs publics afin de relancer la structure et ses marques : Conseils et Évaluations immobilières (CEI, spécialiste des stratégies immobilières, acquise par la SCET en 2016), CITADIA, une référence du conseil en aménagement du territoire, Aatiko Conseils, cabinet spécialisé en stratégie et management auprès des bailleurs sociaux. « Au-delà du segment conseil, nous devons accompagner les entreprises publiques pour faire face à l’ensemble des enjeux qui se posent aujourd’hui, accélérés par la crise de la covid, les porteurs de projets privés qui ont un impact territorial, mais également faire monter en puissance les acteurs de l’habitat, social en particulier, et les nouvelles politiques publiques. »
Ce « recrutement » de l’ancien partner de Roland Berger est très stratégique. Le cabinet Roland Berger est très présent dans le secteur public ; il intervient, entre autres, auprès de Bercy (relire ici et ici et ici), et de la Macronie (ici).
L’ex-partner de Roland Berger a lui au moins deux atouts : il connaît bien la « maison » Caisse des Dépôts (et la SCET, relire notre article sur le dernier marché de conseil de la CDC dont un lot a d’ailleurs été attribué à la SCET) pour avoir travaillé à ses côtés comme consultant sur l’ingénierie territoriale, mais il a également un copieux carnet d’adresses de son passé très proche de consultant de Roland Berger. En tant qu’auteur reconnu de SF, la ministre des Armées, Florence Parly l’a « recruté » dans une dream team chargée d’imaginer « la guerre du futur » (relire ici).
Ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm (2006), agrégé de philosophie de Paris-Sorbonne (2007) et titulaire d’un MBA du Collège des ingénieurs (2007), Romain Lucazeau entre ensuite chez Monitor comme consultant. Entre 2012 et 2013, il devient chargé de mission pour l’Institut de l’entreprise, avant de retrouver le conseil en stratégie, au sein du cabinet Roland Berger où il restera durant huit années.
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