US : exit le méga-contrat de McKinsey avec les services généraux du gouvernement
Mauvaise nouvelle pour McKinsey and Company US. L'administration des services généraux américaine (GSA), agence qui formalise et audite l’ensemble des contrats fournisseurs passés par les agences publiques fédérales américaines, vient de mettre un terme au contrat à échéances multiples qui la liait à la référence mondiale en stratégie.
- Sur la lutte contre le sans-abrisme, la mairie d’Austin renonce à McKinsey
- L’Australie se dote d’un ministre du consulting
- La Toulouse school of economics au tableau pour McKinsey
- Chaos des permis de construire : le maire d’Austin en appelle à McKinsey
- Licenciements, harcèlements : le parlement australien met McKinsey à nu
- Le big boss de McKinsey vise un second mandat
- Consulting ou lobbying ? Le gendarme de la transparence met la pression.
- Aux États-Unis, plus difficile de servir public et privé en même temps
Cette rupture de contrat majeur est une première pour l'administration US depuis 2012 lorsqu'elle avait remercié le géant du logiciel, Oracle, sur un contrat avant son terme. Cette nouvelle décision « couperet » s'inscrit dans un contexte de négociations, qui durent depuis un an, sur le renouvellement du contrat entre McKinsey et l'État américain, et qui n'ont pas abouti, le cabinet refusant de revoir ses tarifs à la baisse.
Les relations sont particulièrement tendues entre les deux parties depuis juillet 2019 lorsqu'un audit « choc » (nous relations cet audit ici) de l'inspection interne de la GSA révélait que le cabinet surévaluait ses prix de 10 % par rapport aux tarifs de base proposés.
Les tarifs de McKinsey n'entreraient par ailleurs pas dans le cadre légal de ce type de missions, défini soit en taux horaire, soit en forfait fixe par tâche. Le cabinet les aurait établis sur la base de coûts hebdomadaires par équipe, sans pour autant définir le nombre de collaborateurs par équipe, le nombre d'heures effectuées par chacun d'entre eux ni leurs tâches dédiées.
Il était aussi reproché au cabinet de ne pas avoir communiqué les données nécessaires à l'audit de l’inspection de la GSA. Il notait également les procédés plus que douteux d'un directeur de division du Federal Acquisition Service (FAS), un des départements de la GSA, dans la gestion du dernier renouvellement du contrat en 2016.
Suite à l'annonce de la rupture du contrat, un porte-parole de la GSA vient de déclarer que l'agence a été contrainte de prendre ces mesures radicales contre McKinsey qui s'est montré incapable de renégocier ses prix à la baisse sur les contrats en cours malgré de nombreuses tentatives.
Selon les données de l'administration US, McKinsey aurait réalisé 173 millions de dollars de contrats via la GSA en 2019 et près de 500 millions de dollars depuis 2016. McKinsey, via son porte-parole, a tenu à relativiser cette décision : « Nous avons tenté de démontrer notre bonne foi et nous sommes en désaccord sur l'évaluation des services de l'administration. Nous continuerons néanmoins de servir le secteur public américain. Nous assurons la qualité de notre service et la valeur qu'il offre au secteur public. L'année dernière, cela représentait plus de quinze agences et ministères fédéraux, et plus de vingt-cinq États. »
Un discours officiel qui se veut rassurant, mais qui ne se traduit pas dans les résultats d'activité du cabinet. Depuis le 3e trimestre 2019, le CA de McKinsey à la GSA s'écroule littéralement : il est passé de 55,6 M$ au T2 à 16,6 M$ au T3, et moins de 14 M$ au T4 (contre 66 M$ au T4 en 2018). Et ce n'est pas 2020 qui a fait remonter la pente : moins de 23 M$ au total entre janvier et avril...
Qui est le grand gagnant de la disgrâce de McKinsey au sein de l'administration US ? Le BCG ? Certainement, le Boston Consulting Group est déjà dans la place. Un contrat le lie à la GSA de 2009-2024 pour des services de conseil intégrés...
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
Monde
- 15/03/24
Dans un communiqué de presse daté du 14 mars, Bain annonce avoir acquis PiperLab, un fournisseur européen de solutions d’intelligence artificielle (IA) et de machine learning (ML). La structure va être intégrée au pôle de compétences mondial Advanced Analytics du cabinet pour créer un hub régional EMEA.
- 11/03/24
Cette acquisition est présentée par McKinsey comme une opportunité d’élargir les capacités d’analyse comparative du cabinet. Objectif : augmenter la rapidité et la précision de ses analyses de coûts, dans le cadre de projets d’investissement d’envergure.
- 07/03/24
Selon le cabinet, seul un « groupe restreint » de salariés britanniques serait concerné. Illustration des tensions sur le marché du conseil en stratégie au Royaume-Uni ou événement isolé ?
- 04/03/24
L’écart salarial hommes-femmes au sein des MBB est au-dessus de la moyenne du secteur en Australie, et bien au-delà de la moyenne nationale, tous secteurs confondus.
- 01/03/24
Une formation initiale en relations internationales et business strategy, une expertise des questions économiques et financières développée au sein d’une ambassade, et l’univers du conseil en stratégie : quel est donc le fil rouge ? Exploration du parcours atypique de Jonathan Le Henry, qui pilote le développement des activités de Strategy& au Maghreb.
- 23/02/24
Le BCG et McKinsey font l’objet d’une enquête quant à leurs activités de conseil auprès du Fonds public d’investissement saoudien (PIF) dans l’univers du sport et dans d’autres secteurs d’activités aux États-Unis. Le Sénat les somme de partager des documents clés.
- 15/02/24
Une situation qui n’est pas inédite, comme l’indique le porte-parole américain de McKinsey ? 3 000 consultants de la firme ont été avertis de leurs « sous-performances ». Ils disposent d’un délai de 3 mois pour y remédier.
- 12/02/24
Annoncé le 9 février 2024, le rachat de la société de conseil Innopay, spécialiste des transactions numériques, permet au cabinet Oliver Wyman de renforcer son positionnement sur ce segment – et sur la practice Services financiers plus globalement.
- 05/02/24
En poste depuis 2021, sa réélection à la tête de la firme devait être une formalité. Elle aura finalement nécessité plusieurs tours de scrutin et fait planer le risque d’une nouvelle éviction à la fin du premier mandat, le même sort que celui réservé à son prédécesseur Kevin Sneader (qui a depuis quitté la firme).