Assureurs, cliniques, labos : les consultants surfent sur la vague des objets de santé connectés

Les objets de santé connectés sont au carrefour de plusieurs tendances (réduction des coûts de santé à l’hôpital, suivi à distance des pathologies…) et de plusieurs industries.
Un marché que les sociétés de conseil en stratégie suivent de près, et pour cause : le marché est amené à grandir de 20 % par an.

Benjamin Polle
30 Juil. 2020 à 05:11
Assureurs, cliniques, labos : les consultants surfent sur la vague des objets de santé connectés

 

Récemment, la Sécurité sociale a modifié ses conditions de remboursement de l’apnée du sommeil – dont 5 à 8 % de la population française est victime et qui entraîne des maladies cardio-vasculaires, du diabète, de l’obésité, des troubles de la mémoire…

Désormais, le remboursement du traitement par appareils à pression positive continue (PPC) est conditionné par la Sécu à la communication des données générées par l’utilisation des PPC, et à une durée minimale d’utilisation de quatre heures par jour de la machine. Autant de données qui peuvent être télétransmises via un dispositif connecté.

Un marché en plein essor

L’exemple est éloquent. Il témoigne de l’utilisation grandissante d’outils connectés dans la santé. Un marché en essor auquel Smart Tech, l’émission quotidienne dédiée à l’innovation diffusée sur B Smart, était consacrée le vendredi 3 juillet, en présence d’Arnaud Sergent, le directeur général de L.E.K. Consulting en France.

« Avoir sur soi un objet connecté qui permet pendant la journée ou la nuit de faire un électrocardiogramme, de dépister des maladies telles que l’apnée du sommeil qui est souvent sous-diagnostiquée, c’est donner un pouvoir à l’utilisateur. Il peut aller voir son médecin avec un extrait de son électrocardiogramme ou une information sur l’apnée », témoignait en plateau Audrey Rampazzo, responsable marketing Europe et Apac du fabricant d’appareils de santé connectés Withing.

D'après Arnaud Sergent, plusieurs facteurs expliquent la croissance du marché des objets connectés de santé  estimé à 50 milliards de dollars en 2018 et qui devrait atteindre 160 milliards de dollars en 2022.

« Les objets connectés de santé sont au croisement de plusieurs tendances fortes : le développement des maladies chroniques, cardiovasculaires ou psychiques par exemple, qui représentent 65 % des coûts de santé en France. Le suivi à distance est particulièrement pertinent pour ces pathologies. De plus, la tendance est à la sortie plus rapide des patients des hôpitaux, où les coûts de santé sont les plus importants, vers des structures moins médicalisées, voire vers le soin à domicile. Les objets connectés vont permettre de suivre les patients dans ces nouveaux environnements. Enfin, s’ajoute un intérêt transverse important pour les données de santé générées par ces objets de la part, à la fois des laboratoires pharmaceutiques, des payeurs, des assureurs privés ou de la sécurité sociale, mais aussi des usagers eux-mêmes», explique-t-il à Consultor.

Les cabinets de conseil se positionnent

Un besoin grandissant sur lequel nombre de cabinets interviennent (relire nos articles ici et ). Jusqu’à nouer des partenariats dédiés comme l’avait fait Roland Berger en 2016 avec Wind River.

Pour L.E.K., le sujet se retrouve à la frontière de plusieurs verticals, les practices maison auxquelles sont rattachées des typologies de clients : pharma/biotech pour les acteurs du médicament, medtech, pour les fabricants de dispositifs médicaux, et les fournisseurs de services de soins (hôpitaux, cliniques, structures plus légères moins médicalisées qui accueillent par exemple les patients dialysés).

Et pousse à davantage de mutualisations : « Il y a encore trois ans, ces verticals travaillaient plutôt côte à côte. On se parlait occasionnellement. Désormais, on croise beaucoup plus et on travaille ensemble », dévoile Arnaud Sergent.

Ainsi L.E.K. a-t-il par exemple pu être sollicité par des laboratoires pharmaceutiques dont un des médicaments s’apprête à devenir générique et s’interroge sur la manière de se repositionner sur un autre mode d’administration du médicament, par exemple à la maison avec un auto-injecteur connecté accessible aux personnes fragilisées. Mais aussi par des prestataires de soins qui réalisent avoir beaucoup de données sur X ou Y pathologies grâce à des objets connectés et s’interrogent sur la manière de les monétiser.

Des croisements qui ne vont pas sans un certain nombre de questions et risques. « Si on prend les objets connectés d’un côté et les données de santé de l’autre, c’est un cocktail explosif. Il y a plus de dix milliards d’objets connectés dans le monde qu’on ne sait plus vraiment compter. Ces objets sont peu ou pas protégés », jugeait Maxime Habert, directeur régional des ventes chez Bitdefender, un groupe de cybersécurité, sur le plateau de B Smart.

Les exemples de failles sont en effet légion dans les objets connectés de manière générales : des portes connectées ouvertes à distance sans l’autorisation du propriétaire, des voitures autonomes envoyées dans le fossé, des ardoises magiques éducatives sur lesquelles un tiers pourrait tout d’un coup afficher des messages hostiles… 

Pourtant, l’intérêt du secteur de la santé ne faiblit pas. Et avec lui, les missions de conseil sur le sujet. Chez L.E.K., de plus en plus de demandes entrantes y réfèrent. Au point que le cabinet dédie un nombre croissant d’associés aux technologies de l’information spécialisées dans la santé (health care IT ou ehealth), dont les objets connectés sont un des sujets prévalents. Et le boom reste à venir.

Benjamin Polle pour Consultor.fr

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Benjamin Polle
30 Juil. 2020 à 05:11
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