Conçu par trois « ex » McKinsey, un robot fait passer des études de cas

Développé par la start-up Mindely, cet interviewer IA intervient lors des premiers tours des études de cas, si chronophages pour les consultants qui les prennent d’habitude en charge. 

Consultor
23 Aoû. 2024 à 05:01
Conçu par trois « ex » McKinsey, un robot fait passer des études de cas
© Jorge/Adobe Stock

La  start-up a été sélectionnée par Y Combinator, le célèbre accélérateur californien dont le taux de sélectivité avoisine 1 %. Et le projet vient de séduire le cabinet de conseil CVA – il y est actuellement en phase pilote. Ian Negus, son Head of HR EMEA, indique ainsi à Consultor être « ravi de soutenir et de collaborer avec l’équipe Mindely au début de son aventure ». Il considère « ce nouvel outil comme une aide complémentaire pour les processus de recrutement actuels de CVA, qui nous aide à améliorer l’expérience des candidats et qui nous aide globalement dans notre prise de décision et dans le feedback aux candidats ».

Ses cofondateurs seraient par ailleurs « en discussion active » avec d’autres structures de conseil, françaises et américaines.  

La genèse de cette intelligence artificielle

Désireux de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, les 4 porteurs du projet Mindely – Joseph Thalinjan, Alix Maurin, Sasha Collin et Clément Nguyen – ont tous dû réaliser une multitude d’études de cas. Ayant constaté que la disponibilité des interviewers humains pose souvent problème et que la qualité des interviews peut varier, ils décident de voir comment répondre à ce besoin. L’idée est aussi de remédier aux « fuites » récurrentes affectant ces études, quand elles sont proposées et reproposées au fil des années par le même interviewer – selon Alix Maurin et Joseph Thalinjan qui ont répondu aux questions de Consultor.

Des échanges avec des interviewers de plusieurs cabinets les convainquent d’avoir vu juste : il s’agit « d’un gros pain point pour tous les senior managers car les entretiens autour des études de cas leur prennent énormément de temps et d’énergie ». Selon eux, « au bout de 50 interviews d’une heure réalisées dans le mois, l’interviewer a plus de mal à déceler les forces et faiblesses des candidats ou à leur poser des questions de follow-up »

Puisque que cet exercice est déterminant pour les cabinets et que « la technologie permet de remplacer l’être humain dans ce cadre », les 4 complices se mettent au travail « pour aller dans le sens de recrutements systématiques, non biaisés, objectifs et réduisant les erreurs de recrutement », ajoute Joseph Thalinjan. 

Basé sur la technologie des LLM (Large Language Models) comme ChatGPT, leur interviewer IA est en mesure « de faire passer une étude de cas avec les mêmes principes de raisonnement et d’évaluation d’un candidat qu'un être humain », explique Alix Maurin. Et il est dispo H24.

À quel stade du parcours de recrutement Mindely intervient-il ?

Cette IA a vocation à assurer dans un premier temps le premier tour des candidats - le plus chronophage, de ce fait fréquemment retardé en raison du manque de disponibilités des interviewers humains. Selon Alix Maurin, « contrairement à ces derniers qui peuvent être marqués par un point fort ou faible du candidat sur telle hard ou soft skill – ils vont alors « creuser » dans cette voie en oubliant un peu le reste - Mindely opère de façon 100 % rationnelle ».

Les candidats retenus « rencontreront en face-à-face une personne du cabinet pour une interview de fit, plus brève ». L’IA aura donc une fonction de sélection. 

Dès lors, selon ses cofondateurs, Mindely n’aurait à ce jour aucun véritable concurrent. Elle se distinguerait nettement de Casey de Talenkraft, « un interviewer chatbot posant des questions à choix multiples à l’écrit » - mobilisé par le BCG depuis plusieurs années. Mindely s’affirme « comme un interviewer conversationnel oral, très similaire à un être humain, qui dispose de plus de 200 critères d’évaluation regroupés en thèmes spécifiques aux entretiens de conseil ». Par ailleurs, les études de cas constituent « un exercice complexe à coder car elles reposent sur de la réflexion et non du calcul », indique Joseph Thalinjan. « Les compétiteurs qui existent sont positionnés sur un tout petit pan des études de cas ».

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La sélection par Y Combinator 

Selon Alix Maurin, « les partners de l’incubateur – d’anciens founders – se réfèrent beaucoup à la personnalité des porteurs de projets. Il s’agit d’un fonds de pré-seed qui investit de façon précoce ». Joseph Thalinjan ajoute qu’ils préfèrent « miser sur une personne quitte à ce qu’elle modifie son projet, plutôt que sur une idée ». Les cofondateurs ont été interrogés sur « leur plus grand achievement professionnel », on leur a demandé « de raconter une situation de laquelle on avait su tirer profit, par exemple. Il y avait aussi beaucoup de questions-réponses très rapides ». Selon le partner qui les accompagne, ils ont été choisis car ils constituent « une équipe soudée, avec un projet solide et des backgrounds intéressants – diplômes d'ingénieur, grandes écoles, expérience dans des boîtes tech ».

Un modèle économique qui pourrait s’élargir

Si Mindely a été développée pour faire passer des études de cas, un cabinet a interrogé les cofondateurs sur la possibilité de la mobiliser pour entraîner des junior interviewers – lors des 2e tours par exemple. Une autre entité de conseil leur a demandé si cette IA pourrait « évaluer les consultants, après X mois ou années passées dans la structure, pour décider d’une éventuelle remise à niveau ». Les cofondateurs proposent d’ores et déjà Mindely dans une perspective « de simulation de discussions difficiles avec des clients, avec des feedbacks à chaud sur ce qui a fonctionné ou non »

Par ailleurs, au-delà des cabinets de conseil, Mindely pourrait s’adresser aux candidats : des discussions ont actuellement lieu avec une plateforme de training en ligne qui souhaite intégrer la solution pour l’ajouter à son package d’offres. 

La start-up envisage aussi de viser les fonds d’investissement et autres entreprises proposant des exercices similaires aux études de cas dans leurs processus de recrutement. 

Le profil des 4 cofondateurs 

3 « anciens » de McKinsey comme déjà indiqué, à savoir Joseph Thalinjan – passé par CVA (Corporate Value Associates) à Dubaï avant de rejoindre le bureau de Paris de la Firme en janvier 2022, double diplômé de CentraleSupelec et l’ESCP en 2021 -, et Alix Maurin, consultante chez McKinsey Paris à partir de janvier 2022 également, passée par Amazon et Uber et diplômée de l’ESSEC en 2020. Si Sasha Collin vient aussi de la Firme, il a rejoint QuantumBlack, son entité dédiée à l’IA en novembre 2021 - comme data scientist puis senior et lead data scientist. Il est titulaire d’un Master de l’ENS Paris-Saclay. 

Ils sont accompagnés de Clément Nguyen, data scientist entré chez Rakuten Advertising en octobre 2021 et lui aussi titulaire d’un Master de l’ENS Paris-Saclay.

Corporate Value Associates McKinsey
Consultor
23 Aoû. 2024 à 05:01
tuyau

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commentaires (2)

Consultant
09 Sep 2024 à 09:42
50heures d'interview par mois ? Il en passe du temps en entretien ce SM anonyme !

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Pertinence...
05 Sep 2024 à 18:54
Super utile d'être bon avec des machines pour travailler avec des humains ensuite

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Lydie lacroix
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