Oliver Wyman drague chez les « ingés »

 

Encore récemment lorsque Oliver Wyman (OW) voulait recruter un X en stage au terme de sa troisième année, il n’était pas rare que la convention de stage soit un tantinet bidouillée pour coller aux standards de la prestigieuse école d’ingénieurs. En effet, Polytechnique attend de ses élèves qu’ils consacrent cette période à la recherche, par exemple dans les services R&D d’une entreprise. Sans quoi, impossible d’obtenir le précieux sésame.

 

23 Mar. 2018 à 07:08
Oliver Wyman drague chez les « ingés »

 

Ce qui traduit un certain scepticisme des écoles d’ingénieurs de manière générale vis-à-vis du conseil. S’il est moins prononcé par exemple à Centrale Paris qui a développé des doubles diplômes et a des promos plus importantes, il demeure encore très prégnant dans des écoles comme les Ponts et les Mines, où un certain dédain pour les profils commerciaux – « les épiciers » – demeure.

C’est pour pallier ce déficit d’attractivité, de notoriété et attirer des talents qui sont de plus en plus vitaux – avec par exemple le recours grandissant aux data scientists – qu’Oliver Wyman a mis sur pied Start Here.

L’opération annuelle, imaginée à Paris et élargie à l’échelle du groupe, tenait sa huitième édition le 15 mars, au rez-de-chaussée des trois étages d’un bâtiment rue Euler que le cabinet occupe à deux pas de l’Étoile.

200 ingénieurs avaient fait parvenir leur candidature. Seuls 70 – essentiellement en deuxième et troisième année dans leur cursus – avaient été présélectionnés pour participer à cette journée d’entretiens, de tests quantitatifs et de business cases.

Excursion studieuse et récréative

Seize seront choisis. Ils partiront un week-end en juin auprès des équipes new-yorkaises d’Oliver Wyman. Sorte d’immersion expresse dans la maison-mère du cabinet, mais pas que… L’excursion se veut très largement récréative. Comme le montrent les clichés souvenirs des promos précédentes de Start Here.

On y voit les happy few en goguette dans les artères de la Grande Pomme. Une expérience made in America taillée sur mesure qui doit finir de convaincre les précieux profils de rejoindre les bureaux d’OW à Paris, Dubaï et New York.

Parce que réussir le Start Here équivaut à passer le premier tour des recrutements, et permet aux heureux élus de se présenter directement au second tour. Trente ingénieurs ont été intégrés définitivement parmi les CDI entry level depuis le lancement de Start Here, soit environ trois par an.

Opération promotion

Jeudi 15 mars, Emmanuel Ladoux, principal, et Simon Eymery, manager, sont donc en opération promotion pour OW : ses bureaux, son réseau international, la croissance de son chiffre d’affaires, ses missions à vocation sociale…

Des consultants se succèdent devant les élèves-ingénieurs pour expliquer le type de missions sur lesquelles le cabinet est amené à intervenir : un algorithme clés en main livré à un géant français de la distribution pour mesurer l’impact économique global d’une semaine de réduction de 30 % du prix de vente d’un soda ; le pivot d’un groupe hôtelier vers un modèle « low assets » qui le conduit à se séparer de tout son parc immobilier, stress test dans les banques grecques et européennes…

Et ils passent en revue le rythme de déplacement auquel ils ont vite été exposés : grosso modo les cinq continents du nord au sud et de long en large. Dans l’assistance, si les étudiants convoités écoutent d’abord benoîtement, des questions plus concrètes se posent rapidement.

Les liens d’Oliver Wyman avec Marsh & McLennan ? Ses autres filiales (Mercer, Guy Carpenter…) et les ponts avec l’activité de conseil de direction générale ? Les missions les plus intéressantes ? Les moins intéressantes ?

Parmi ceux qui ont répondu présents, l’effet recommandation ou cooptation a joué à plein. « Un ami de promo a mis un mot au sein de l’école, en plus d’affiches qui annonçaient cet événement. Enfin, un prof à Sciences Po et aussi associé d’Oliver Wyman, Nicolas Pette, nous a vanté la culture entrepreneuriale du cabinet », raconte Dan Hababou, 23 ans, étudiant à Télécom ParisTech et à Sciences Po dans un master commun aux deux écoles en innovation et transformation numérique.

« Je ne veux pas m’ennuyer »

Pourquoi le conseil ? « Je ne veux pas m’ennuyer. C’est la garantie de missions variées et courtes et un tremplin pour monter en compétences », dit-il. Pourquoi OW ? Dans le cas de Tounsi, 22 ans, une autre étudiante de Télécom ParisTech, c’est simplement une alumni consultante chez OW qui lui a vendu le cabinet, et l’a convaincue de participer à Start Here, même si elle a aussi envoyé sa candidature à la concurrence.

Au total, Paris compte 70 ingénieurs sur un total de 200 consultants, le reste étant des profils commerciaux. « Évidemment, les ingénieurs ont un penchant quantitatif un peu plus prononcé. Leurs compétences analytiques sont extrêmement utiles sur des projets de pricing ou d’intelligence artificielle par exemple, explique Olivia Mabille, en charge du Talent Manager chez OW à Paris. Ceci dit, on ne veut pas de chemins pré balisés pour nos consultants, quel que soit leur profil, l’objectif est de faire évoluer les compétences de chacun en fonction des missions et des envies ».

Louvoyer pour se faire une place dans les écoles d'ingénieurs

Pour pouvoir augmenter encore le nombre d’ingénieurs dans les rangs du conseil, un effort est également à fournir pour améliorer les relations entre les écoles et les cabinets. Ce qui oblige nombre d’entre eux à louvoyer pour entretenir un pont au sein des écoles, avec des moyens variables d’un cabinet à l’autre. Certains n’hésitent pas à contourner les services de recrutement en tissant des liens dans les bureaux des élèves ou avec des étudiants-relais de communication au sein de l’école. Là aussi, la course aux talents est lancée.

Benjamin Polle pour Consultor.fr

 

Nicolas Pette
23 Mar. 2018 à 07:08
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Olivia Mabille, ingénieurs, recrutements, start here, X, polytechniques, Centrale Paris, Mines, New york, dubaï, Emmanuel Ladoux, Simon Eymery
3427
Nicolas Pette
2021-10-31 18:48:23
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France: Oliver Wyman drague chez les « ingés »