Diversité homme femme, les bureaux français à la traîne
Aucune associée chez ATK ou Alixpartners… les meilleurs, McKinsey ou Kea, sont autour de 20%
La promotion d’une présence accrue des femmes aux postes exécutifs des entreprises est un sujet important pour les cabinets de conseil. Nous les avons classés suivant leur application de ce principe pour la désignation de leurs associées.
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Nous avons ainsi réalisé un classement des cabinets de conseil en stratégie selon la proportion de femmes partners. Même si la tendance est à l’augmentation, très peu de femmes sont associées (11% des associés des cabinets étudiés).
Un décalage entre les discours RH mettant en avant les résultats obtenus dans certains pays et la réalité des bureaux français d’AT Kearney ou de Bain & Co
Les cabinets mettent en avant les mesures mises en place pour recruter et retenir de consultantes sur leurs sites internet. Les sites de recrutement d’AT Kearney, Bain, BCG ou McKinsey fourmillent de témoignages de consultantes, managers, partners des bureaux européens et américains, avec très peu d’exemples français.
Ainsi sur le site de Bain & Co, la présidente Orit Gadiesh (en photo ci-dessus) indique «nous avons la passion d’attirer, de faire se développer, et de garder les meilleures femmes dirigeantes du monde. C’est pourquoi nous sommes devenu une entreprise de choix pour de nombreuses femmes talentueuses». Le cabinet indique employer 46% de consultantes ou 20% d’associées. En France, elles sont uniquement deux soit trois fois moins (7%).
AT Kearney soutient activement la fondation the European Women’s Network (EWN) pour favoriser le recrutement et la progression des femmes dans tous les secteurs et industries. Si sept associées sont présentées sur le site corporate dont 3 en Europe, aucun progrès tangible en France où nous n’avons identifié aucune femme parmi les partners.
Le BCG malgré sa présence avec McKinsey dans le classement US Working Mother 2011 ne compte que trois femmes partners parmi les 45 de son bureau parisien.
Avec une femme parmi ses associés, OC&C se positionne dans la moyenne.
Enfin, deux des trois femmes partners de Roland Berger sont des nominations datant de moins de 6 mois, peut-être un signe de changement pour le cabinet ?
On notera également la contre performance d'Alixpartners qui ne comptent aucune femme parmi les associés.
Kea & Partners, McKinsey et en moindre mesure Oliver Wyman ont une longueur d’avance sur la diversité mais restent autour de 20%
On pourra noter que les femmes partners de McKinsey représentent plus d'1/3 de toutes les femmes partners des cabinets étudiés et 19% pour Oliver Wyman.
Cette étude sur les femmes partners confirme l’étude, publiée en mars, sur la faible proportion de consultante dans le conseil en stratégie, qui indiquait une proportion de 18% de consultantes. Le défi reste donc considérable pour les cabinets pour illustrer le bien fondé de leurs recommandations sur le sujet.
Interview de Sandrine Devillard, Directeur associé senior de McKinsey & Company
Pouvez-vous vous présenter, en nous indiquant ce qui vous a amené à prendre en main l’initiative de McKinsey dédiée aux femmes
C’est à la naissance de mon premier enfant que je me suis rendue compte que j’étais une femme. Je n’avais jusque là pas ressenti cette différence. Afin de mener de front ma vie de mère et de consultante, j'ai proposé un aménagement de mon temps de travail, et j'ai été dans cette démarche soutenue par le groupe des Partners. Sensibilisée au problème, j’ai souhaité mettre en place des actions pour les autres femmes. Au vu du succès rencontré en France, on m’a proposé de développer la « Women Initiative », au niveau européen ; j’en ai aujourd’hui la charge au niveau mondial.
Quelle est votre réaction concernant les résultats de notre étude, que faites vous de plus que les autres cabinets ?
L’ensemble de nos femmes Partners sont issues de la promotion interne. En effet, l’intérêt de McKinsey pour la diversité hommes/femmes n’est pas récent : constatant, il y a 12 ans, un retard en Europe par rapport aux Etats-Unis, notre directeur général de l’époque, Ian Davis, a lancé un plan ambitieux visant à faire du cabinet "le meilleur lieu d’épanouissement professionnel pour les femmes". Après un diagnostic sans concession, nous avons lancé des initiatives afin d’accompagner le développement professionnel des consultantes et leur parcours. L’une des clés de la réussite de ces initiatives est l’engagement constant des Partners, qui suivent chaque trimestre l'avancement et les indicateurs clefs (taux d’attrition, de promotion des femmes…)
Est-ce que le 50/50 est une parité envisageable que vous souhaitez atteindre ? Quelle serait la bonne proportion ?
Notre aspiration est d’atteindre une proportion de 40 à 45% de femmes, ce qui correspondrait à la moyenne des grandes écoles. C’est le sens de notre initiative pour le développement des femmes, la « Women Initiative » qui a vocation à accompagner le développement professionnel des femmes chez McKinsey, mais aussi à attirer de nouveaux talents féminins au sein de notre cabinet.
Retrouvez les recommandations de McKinsey dans la dernière étude Woman matter
Méthodologie : Notre étude a été réalisée sur les 249 partners des 9 cabinets de conseil en stratégie présents en France ayants plus de 10 associés en Novembre 2011.
Consultor, portail du conseil en stratégie- 18/11/2011
NDLR: Une erreur a été corrigée pour OC&C strategy consultants qui compte une femme parmi ses associés.
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France
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Il avait passé 4 ans chez Roland Berger de 2011 à 2016 avant de créer son propre cabinet de conseil en stratégie. Hakim El Karoui, essayiste, spécialiste de l’immigration, de l’islam et de l’islamisme, banquier d’affaires, enseignant…, vient d’être réélu président du Club 21e siècle (un club qu’il a fondé en 2004 et dont il a déjà été président jusqu’en 2010).
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