Les cabinets de conseil, les grands gagnants du Grand Emprunt ?
A l'heure du premier bilan, nous nous sommes intéressés à la participation des cabinets de conseil aux 'Investissements d'avenir'
McKinsey, Roland Berger, Kurt Salmon, … beaucoup de cabinets sont actifs dans les réponses aux appels d'offres des 34.4Mds€ du Grand Emprunt.
Les cabinets de conseil en stratégie profitent de cette opportunité
Dans les premières phases de définition et de sélection des projets, plusieurs appels d'offres ont été lancés par l'Etat à l'attention des cabinets de conseil. Ceux-ci ont déjà permis à des cabinets de décrocher de nouveaux contrats à plusieurs centaines de milliers d'euros, ou d'être sélectionnés pour des accords cadres de plusieurs millions d’euros.
Ainsi, un consortium de 20 cabinets, dont McKinsey, a signé un accord cadre avec la Caisse des dépôts dans le cadre d'un programme « Investissements d’avenir » pour un montant estimé à 3.2M d’euros.
Roland Berger s'est aussi distingué en remportant l’appel d’offres de la BNF d’une valeur de 124K euros, affirmant ainsi sa position dans les marchés publics.
Ceci confirme la tendance actuelle qui fait du secteur public en France un driver de croissance pour le marché du consulting, par le biais de l’accompagnement des réformes de l’Etat. Même si se sont donc surtout les cabinets de conseil en organisation et SI qui se taillent la part du lion au détriment des cabinets de stratégie qui n’ont pas réussi (nivellement des prix par le bas), ou bien n’ont pas voulu entrer sur le marché des universités.
Ce sont surtout les universités qui font appel aux cabinets de consulting
Depuis 2007 et la loi d’autonomie des universités, les cabinets de conseil réalisent de plus en plus de missions pour ces nouveaux clients sur le marché du secteur public. En 2011, ce sont les universités qui représentent les deux-tiers du montant du Grand Emprunt (21.9Mds€ sur 34.4Mds€), via le programme « Investissements d’avenir ». Le plus important appel d’offres pour attribuer ces financements aux universités est aujourd’hui celui des « initiatives d’excellence » (IDEX), doté de 7,7Md€. Il a pour but de créer des pôles d’excellence capables de concurrencer les plus grandes universités mondiales.
Les universités voient donc aujourd’hui l’intérêt de faire appel à des cabinets de conseil, notamment pour leur apporter une méthodologie exigeante et un regard extérieur plus focalisé sur l’efficacité. Mais c’est surtout par manque de temps pour les candidatures et devant les enjeux énormes que représentent pour elles ces appels d’offres qu’elles ont besoin de recourrir aux cabinets de conseil. Ces consultants sont missionnés pour leur expertise en gestion de projet, mais également pour structurer les dossiers sur le plan organisationnel, juridique et financier.
Par exemple, sur les 7 dossiers présélectionnés pour les IDEX, seul celui de l’université de l’innovation de Grenoble n’a pas bénéficié de la relecture par un cabinet, les autres présélectionnés étant les universités de Bordeaux, Lyon, Toulouse, Strasbourg, Paris Sciences et Lettres et Sorbonne Universités.
Les cabinets qui réussiront à accompagner avec succès les établissements jusqu’à l’attribution des appels d’offres (le 2e tour pour l’IDEX a lieu en septembre) pourront, par le biais de la mise en place des projets prévus, s’installer sur le secteur et pérenniser leurs missions auprès des universités.
Les syndicats critiquent ce recours aux consultants
Bien que la majorité du milieu universitaire joue le jeu, certains s’indignent, comme Stéphane Tassel, secrétaire général du Snesup-FS, contre les millions d’euros investis par les établissements auprès des cabinets afin de monter leurs dossiers- sans aucune certitude de succès - et ce alors que les universités ont du mal à sortir la tête de l’eau financièrement.
Par exemple, selon le Bulletin Officiel, l’université Paris-Est (dont la candidature n’a pas été retenue) a déboursé 215 950€ HT pour une mission de Bearing Point.
C’est pourquoi certains demandent que soit interdit le recours aux cabinets de conseil pour concourir dans le cadre de procédures d’appels d’offres impliquant l’argent public, afin de garantir le « caractère égalitaire » de ces procédures.
Certains dénoncent également les comportements de certains cabinets de conseil, qui démarchent directement les universités pour vendre leurs missions, et qui poussent ainsi la création des appels d’offres publiques pour des missions de conseil (une procédure obligatoire pour le secteur public).Il reste donc des résistances indéniables à l’entrée des cabinets de conseil dans le monde universitaire, comme le résume le délégué général de l’université de Lyon, Jean-Michel Jolion : « Il n’est pas possible de laisser à des consultants le soin de dire à des universitaires ce qu’ils doivent faire… ».
Une relation féconde, mais qui manque encore de maturité
Mais comme nous le fait remarquer Laurent Toussaint, directeur associé chez Sopra Consulting (HEC, ex-Kea&partners) actuellement en mission auprès d'universités, les cabinets de conseil arrivent très bien à travailler avec les universitaires, en dépit de méthodes de travail différentes (un problème que les consultants dans le secteur public connaissent déjà bien).
Il observe cependant que les universités sont encore très mal outillées pour décrypter les offres des cabinets de conseil : « Elles ne savent pas encore bien acheter une prestation intellectuelle, ce qui leur est très préjudiciable : les compétences et les références proposées par les cabinets ne sont pas toujours considérées à leur juste valeur, ce qui laisse la porte ouverte à des cabinets aux prix très bas, mais qui ne tiennent pas leurs promesses sur le plan qualitatif».
Ce nouveau marché du conseil a donc encore besoin de temps pour que les cabinets et les universités y trouvent chacun leur compte.
Consultor, le portail du conseil en stratégie -30/06/2011
MAJ du 06/07/2011:
Laurent Wauquiez, nouveau ministre de l’Enseignement supérieur à désigné, le 04 Juillet, les lauréats qui se partageront les 7.7mds d’euros des Initiatives d’excellences :
- Strasbourg accompagnée de Kurt Salmon et Deloitte.
- Bordeaux aidée par Kurt Salmon et Erdyn.
- Paris Sciences et Lettres.
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France
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Il avait passé 4 ans chez Roland Berger de 2011 à 2016 avant de créer son propre cabinet de conseil en stratégie. Hakim El Karoui, essayiste, spécialiste de l’immigration, de l’islam et de l’islamisme, banquier d’affaires, enseignant…, vient d’être réélu président du Club 21e siècle (un club qu’il a fondé en 2004 et dont il a déjà été président jusqu’en 2010).
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